Newsletter du 2 mars 2023

 

Lundi soir dernier, nous étions une dizaine de personnes à nous réunir en ligne pour organiser le prochain séminaire « Vivre et faire vivre l’expérience de nature ».

 Avant de rentrer dans le vif du sujet nous avons fait un tour de « comment tu vas? ».

 

M., une ancienne stagiaire, a déposé sa colère. Colère contre ceux qui sur-exploitent la forêt à côté de chez elle. Sa colère a fait échos à la mienne.

 

Autour de chez moi, la mairie a décidé de « faire propre » -comme nous l’a dit l’agent qui pilotait le tractopelle-. Les magnifiques sentiers qui bordaient ma maison ont été ravagés en deux temps trois mouvements. Ces sentiers, je les fréquentais quotidiennement, je prenais plaisir à les faire découvrir à mes clients.

 

Chaque jour, je m’émerveillais de la petite faune sauvage que je rencontrais sur ces chemins : un papillon sur le romarin, un escargot sous la mousse, une couleuvre entre les pierres , une mésange sur le saule, des passages de blaireau…

 

Puis du jour au lendemain : plus rien. On -l’humain- avait décidé de détruire leurs maisons. Alors j’ai pleuré, pleuré, pleuré. Le lendemain, alors que je donnais des graines aux oiseaux, une débrouissailleuse est venue à proximité directe de chez moi.

 

« Faire propre » toujours.

 

J’ai continué à pleurer fort. Je me suis sentie totalement impuissante, complètement démunie puis la colère est montée.

 

Puis je me suis rappelée. Baptiste Morizot, ce philosophe que j’apprécie beaucoup et que je cite souvent dans mes formations, dit que nous avons besoin de deux choses pour agir, nous engager pour prendre soin du vivant : la colère et l’émerveillement.

 

Alors j’ai accueilli ma colère, remonté mes manches et décidé de continuer à oeuvrer, à accompagner les êtres humains à s’émerveiller au contact de la nature.

 

Puis j’ai écrit à M. : je lui ai dit à quel point je partageais sa peine et sa colère. Elle m’a répondu quasi instantanément. Ça nous a fait énormément de bien d’échanger. Nous n’étions pas seules.

 

Un conseil : quand cette colère –celle qui monte quand tu es témoin des crimes contre la biodiversité- vient, accueille-là, parles-en autour de toi, mets-la en mouvement, donne lui des couleurs et transforme-la en action pour préserver le vivant ! C’est à ça qu’elle sert aussi ! (même si je te l’accorde parfois, on s’en passerait bien)

 

La débrouissailleuse a fini par s’arrêter et moi j’ai continué à donner des graines aux oiseaux.

 

Naturellement,

 

Manon, créatrice des Balades de l’Émerveillement® et formatrice à l’accompagnement dans la nature

 

illustration : Robert Crumb

Tu as envie de te sentir capable et légitime pour encadrer un accompagnement dans la nature ?